Certain d’entre vous, vous avez aimé le texte de mon « comming out » sur ma dyslexie. Ce texte s’intitulait « Une tempête sans fin tempête sans fin ». Dans ce dernier, je parlais de mon parcours scolaire alors que dans le présent texte, je vais aborder ma vie professionnelle.
Imaginez que vous naviguez sur un bateau, un bateau solide comme le roc. Un bateau qui heureusement a été conçu pour naviguer sur les 7 mers, peut-être même les 14!
Sauf que, tout bon marin vous le dira, même si vous avez le meilleur des bateaux, il faut de temps en temps le ramener dans un port pour vous permettre d’effectuer certaines réparations inévitables, pour des bris causés lors d’une ou plusieurs tempêtes. Et on s’en doute, lorsque se lève le grand vent du large, il faut avoir un bateau dans le meilleur état possible, en plus d’avoir le meilleur équipage prêt à affronter tout ce qui peut arriver en mer.
Préparer mon équipage, préparer longuement mon bateau, c’est ce que j’ai fait en allant jusqu’à l’université, en lisant, en étudiant tout ce qui, je croyais, qui pouvait m’aider à devenir d’abord un bon matelot, ensuite un bon capitaine le temps venu.
À chaque fois que je vivais une difficulté dans mon parcours scolaire, je me disais: “ce n’est pas grave, tu n’as qu’à redoubler d’effort, à viser toujours d’être le meilleur. Tout ce travail titanesque te permettra d’avoir un jour une belle carrière.” C’est que je me disais tous les soirs avant de m’endormir.
Surtout les soirs où j’arrivais tout seul à mon appartement après une marche de 30-35 minutes dans les « belles côtes » de Chicoutimi, n’ayant pas l’argent pour prendre l’autobus. Cet argent, j’en avais besoin pour me payer des livres, des revues en informatique pour m’aider à devenir encore meilleur, payer les cours, payer la bouffe pour survivre.
Tous ceux qui me connaissent en personne, ceux qui me connaissent vraiment, savent que malgré le savoir que j’ai accumulé, j’essaie de n’avoir jamais la grosse tête. Tout ce savoir est là pour aider les autres et être à la hauteur de ce qu’on est en droit d’attendre de moi.
J’avais, et j’ai toujours, de grandes ambitions, sinon pourquoi j’y ai tant mis d’effort? Et je gardais en tête que quand on veut atteindre les plus grands sommets, il faut travailler avec les meilleurs. C’est pourquoi j’ai choisi de faire partie de la marine (ma façon de parler de mon parcours dans des grandes firmes de consultations en informatiques.) Après tout, j’avais construit un bateau pour naviguer, ce n’était pas que pour Mistook (un petit ruisseau qui coulait sur la terre de mes aïeux).
J’avoue, j’avais peut-être une trop belle image de cette marine. Mais, dans le premier corps de marine dont j’ai fait partie, le « Oui monsieur », je savais le dire, même quand j’allais répondre aux demandes.
Tout n’a pas toujours tourné en tempêtes : j’ai eu la chance de travailler avec 2 bons capitaines qui m’ont grandement permis de prendre la barre en main. Parfois je pense qu’ils avaient oublié le sextant, mais je me disais : « À la guerre comme à la guerre ». Ils disaient d’aller par là, allons donc découvrir de nouvelles terres.
J’ai dû relever des défis pour lesquels je n’avais aucune idée comment me lancer. Parfois, lors de mes succès, j’avais droit à de petits mercis. Mais la plupart du temps, on ne regardait même pas le travail impossible que j’avais accompli, seulement les choses que j’avais oubliées en cours de route. À découvrir de Nouveau Monde, parfois, arrivé en Amérique, on peut se penser en Inde!
À chaque fois qu’il y avait le feu quelque part, je ne sais pas pourquoi, dans les téléavertisseurs qui sonnaient, c’était mon nom qui était appelé. Lorsqu’il y a un feu, il ne faut pas attendre que tous les murs de la maison soient incendiés avant d’appeler les pompiers. Même le meilleur de pompiers ne réussit pas toujours à sauver la maison dans ce genre de situation.
Pourtant, j’ai vécu très souvent ce genre de situation. C’est moi qui entrais dans la maison en feu pour aller sauver les enfants, le char, le chien et même le poisson rouge. Mais quand tu sauves tout le monde, tu n’as pas le temps de voir arriver le journaliste qui est là pour la belle photo du pompier et de l’enfant sauvé des flammes. Tu es déjà reparti en sauver un autre.
Comme le grand frère, j’aidais l’un et l’autre, sans regarder le compteur. Mais, parfois, il y a en qui regardent tourner le compteur pour nous. Combien de fois, je suis fait reproché d’avoir fait trop d’heures, des heures que je passais à m’assurer que le gréement était bien attaché, car personne ne l’avait fait.
Quand arrivait le temps de médailles, d’avoir mon nouveau jalon, mon nom ne sortait jamais. C’est sûr : Quand tu fais mille et une choses, tu ne peux pas faire mille et une choses avec excellence.
Sauf que lorsque le bateau manquait de provision, alors là mon nom était en tête de liste. Donc, j’ai fait un et un autre de ces corps de marines. J’ai même travaillé pour la marine civile à l’occasion.
Une tempête, voire même un tsunami se levait à l’horizon, j’étais là sur le pont, et même à la barre du bateau. Mais détecter les icebergs sans jumelles ni radar, ce n’est pas toujours évident. Il faut tout simplement faire de son mieux.
Je ne dis pas que je n’ai jamais fait d’erreur! Je sais que parfois, j’aurais pu faire mieux. Mais ce n’était jamais de la mauvaise volonté. Certaines perfections m’étaient impossibles à atteindre, comme par exemple écrire un texte sans faute de français. Dieu que j’aimerais! Mais, il me manque une pièce ou peut-être plusieurs.
Je sais aussi que je ne fais pas et je n’ai jamais fait rien comme les autres. Mais, ai-je vraiment choix? En tout cas, si je regarde mon parcours scolaire, je constate que pour réussir, j’ai dû inventer mon chemin. C’est aussi ce que j’ai du faire durant mon cheminement professionnel, peut-être trop souvent.
J’ai aussi appris à la dure, qu’à vouloir apporter le changement et le faire, on n’est jamais bienvenu. Pourtant, je pense que je ne pourrais pas faire autrement.
Il y a aussi certains qui croyaient que j’aurais dû me contenter de rester matelot, ne pas vouloir occuper moi aussi le rôle de Capitaine. Mais pourquoi je n’aurais pas le droit? J’ai aussi fait mes devoirs.
J’y ai cru longtemps que je pourrais y arriver dans un corps de marine. J’en ai fait plusieurs, en souhaitent finir par trouver le mien, un où je pourrais exploiter mes forces et qui comprendrait aussi mes faiblesses. Je ne suis pas parfait. Mais, j’y travaille! 🙂
Mais, après en avoir fait plusieurs, les portes finissent par se refermer. Le seul choix qui me reste, demeurer chez-moi ou devenir mercenaire. Je vous laisse deviner ma réponse? Remettre sans fois sur le métier, ça me connait.
Je suis donc devenu mercenaire. Mais, on ne donne jamais les belles missions aux mercenaires, on donne seulement les missions dont personne ne veut. Les missions remplaçables comme ils les appellent.
Imaginez le mercenaire qui ne travaille pas comme les autres. Parfois, c’est pratique de l’essayer, et si ça ne fonctionne pas, on le remplacera par un autre. C’est qui m’est arrivé trop souvent! On voulait avoir mes idées, mon expertise, mais pas le gars!
J’ai maintenant mon bateau, je suis capitaine! J’ai cependant subi plus d’une tempête. Il faudrait que je retourne dans un port pour réparer un peu. Mais, tous les ports que j’ai vus étaient soit de belles illusions, soit des ports fermés ou inaccessibles.
Donc, depuis le début de ma carrière, j’ai navigué sur des bateaux, à titre de matelot ou encore à la barre de mon bateau, en pleines tempêtes, sans carte ni direction.
Par contre, cette fois-ci, je vois venir les signes de la tempête, peut-être tsunami. Je ne sais pas si cette fois mon bateau survira! Et comme, je suis prévenant, j’ai enfilé ma combinaison de survie et vérifié mon canoë de sauvetage.
Je suis prêt, s’il faut, je finirai de traverser cette mer sans port à la nage et qui sait, j’y trouverai peut-être une petite Île pour m’y reposer un peu.